[Un article bien révélateur de ce à quoi sert le prétexte anti-"terroriste": le renforcement du contrôle et de la surveillance, la diffusion de la peur en plus intense.]
Sur les pas de la patrouille antiterroriste
20 minutes 24.09.10
« 20 Minutes » a suivi des gendarmes appelés en renfort dans le cadre du plan Vigipirate
Pistolet automatique bien visible sur la ceinture, radio crachotante, les trois gendarmes mobiles descendent en formation triangulaire sur le quai bondé de la ligne 14 à la gare de Lyon. Il est 18 h, la patrouille de l'adjudant-chef Fabrice Julia rejoint la ligne B du RER, l'une des plus sensibles. Depuis le début du mois, l'escadron de 51 hommes auquel ces militaires appartiennent, habituellement basé à Mont-de-Marsan (Landes), est venu en renfort de la police parisienne. Leur mission ? Sécuriser les transports contre le terrorisme. Si Vigipirate a été renforcé depuis juillet, l'attention est encore plus forte depuis que la menace s'est précisée ces dernières semaines.
« Je m'arrange pour être vu sur le quai, explique le sous-officier. On peut ainsi nous interpeller plus vite. » «Le but est d'avoir des yeux supplémentaires sur le réseau mais il y a aussi un côté dissuasif », précise-t-on à la gendarmerie nationale. « L'intuition du gendarme reste importante pour une mission dynamique comme celle-ci. Il ne s'agit pas simplement de surveiller un site statique comme le font les “kakis”, les soldats des autres armées. »
Une fois dans le RER B, la patrouille scrute les voitures, les visages, s'enquiert de savoir à qui sont les valises sur le porte-bagages. « Mais s'il s'agit d'un kamikaze, c'est imparable », reconnaît l'adjudant-chef devant des passagers plutôt indifférents. A l'instar de Sandra que ça « n'interpelle pas plus que ça car ce qui doit arriver doit arriver ».
Direction la station Denfert-Rochereau près de laquelle un colis abandonné à été signalé. Un périmètre de sécurité a déjà été dressé. « Cela peut créer des tensions, nous allons rester un peu. » Les trois gendarmes se positionnent derrière les tourniquets, contrôlent l'identité des fraudeurs. « Ce n'est pas l'essence de la mission mais cela en fait aussi partie », confie Fabrice Julia. Plus tard, à Port-Royal, ils chassent un vendeur de fruits à la sauvette. « Là encore, le rappel à la loi est important et qui sait, c'est peut-être un informateur... »
L'heure de pointe passée, la mission prend de plus en plus des airs de maintien de l'ordre classique avec son lot de contrôles d'identité. Et ce, malgré la découverte de nouveaux colis abandonnés gare du nord et près de Denfert. Des secteurs déjà couverts par d'autres forces de l'ordre. A 23 h 30, la conclusion s'impose : « La journée était calme », la mission pas spectaculaire mais usante. « Comme dans la plupart des cas. »