samedi 24 juillet 2010

Emeutes de la Villeneuve (Grenoble) - deux enquêtes ouvertes et une condamnation

Violences à Grenoble: deux enquêtes ouvertes et une condamnation

Le tribunal correctionnel de Grenoble a condamné vendredi à trois mois de prison ferme un jeune de 19 ans pour avoir jeté des cailloux sur des policiers sans les blesser, constituant la première «vraie condamnation» d'un manifestant lors des récentes violences urbaines. Deux informations judiciaires ont également été ouvertes.

Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur de la République qui, dénonçant «la gravité des faits», a souligné la «volonté du parquet de poursuivre tous ceux qui voudraient semer la terreur et la violence».

Les faits poursuivis visaient des violences commises dans la nuit du 17 au 18 juillet dans le quartier de la Villeneuve à Grenoble, où la mort d'un jeune braqueur originaire du quartier a provoqué trois nuits de tension.

«J'étais pris par la mauvaise ambiance»

«Ce n'est pas «le prévenu» qui a mis la Villeneuve à feu et à sang, mais il a participé par son geste à ces émeutes et à ces violences», a souligné le procureur, Estelle Cros, réclamant six mois de prison, dont trois avec sursis.

En pleurs pendant toute la durée de l'audience, le jeune manifestant a reconnu les faits et exprimé des regrets. «J'étais pris par la mauvaise ambiance. Je ne sais même pas pourquoi j'ai ramassé les cailloux», a dit le prévenu, jugé pour «violences volontaires avec armes» sur des policiers, pour lesquelles il encourait trois ans de prison.

Pour son avocat, Me Emmanuel Decombard, la justice a voulu «faire porter le chapeau à ce garçon», dont «on a voulu faire un exemple» pour cette première «vraie condamnation» liée aux violences urbaines. Trois autres jeunes ont été condamnés pour des vols en marge des violences.

«On juge un garçon de 19 ans mais où sont les vrais émeutiers, ceux qui ont brûlé des voitures et qui ont tiré sur des policiers ?» s'est interrogé l'avocat [mais ferme ta gueule gros sac à merde !!]. De son côté, le père du jeune homme est sorti de l'audience en larmes.

«C'est très dur. Il a jeté deux cailloux sur des policiers. C'est un gamin. Cela va servir à quoi qu'il fasse de la prison», a dit cet homme, qui a fermement condamné les violences urbaines.

Deux informations judiciaires en cours

Le parquet de Grenoble a également ouvert vendredi deux informations judiciaires dans le cadre des enquêtes sur le braquage du casino et sur les tirs visant des policiers.

La première enquête vise le braquage du casino d'Uriage-les-Bains (Isère) commis le 16 juillet par Karim Boudouda, 27 ans et son complice, toujours en fuite, qui s'étaient ensuite fait prendre en chasse par la police jusqu'à Grenoble.

Au terme de cette course-poursuite, Boudouda avait été tué lors d'un échange de tirs avec les hommes de la BAC sur lesquels il avait ouvert le feu en premier avec un fusil-mitrailleur. Boudouda et son complice ont «tiré à neuf reprises», selon Mme Girardon.

L'autopsie a révélé que Boudouda était décédé des suites d'une balle qui a traversé l'arrière de son crâne latéralement de gauche à droite. Des analyses balistiques sont en cours dans le cadre d'une enquête confiée à l'Inspection générale de la police nationale, a précisé Mme Girardon.

La compagne du braqueur a déposé plainte contre X, dont le parquet décidera des suites éventuelles une fois reçu le rapport de l'IGPN. Les premières conclusions confortent la thèse de la légitime défense des policiers.

La mort de Boudouda, inhumé jeudi, avait donné lieu à trois nuits de violences urbaines du 16 au 18 juillet, dans son quartier de la Villeneuve à Grenoble, lequel a retrouvé un «calme précaire» ces derniers jours, selon la police.

Tirs sur les policiers

Le parquet a également ouvert vendredi une seconde information judiciaire dans l'enquête sur des tirs à balles réelles visant les policiers lors des nuits de violences.

«Il s'agit d'une enquête longue et difficile», a souligné Mme Girardon les tireurs ayant agi de nuit, les «impacts de balle» retrouvés ne suffisant pas en eux-même à «déterminer le calibre utilisé».

Deux juges d'instruction ont été co-saisis des deux informations. Le parquet a rappelé sa volonté de donner «une réponse ferme et rapide» aux violences.

(Source AFP)