samedi 7 août 2010

Sans-papiers : des petits avions pour des expulsions plus discrètes

France Info - 06.08.10

Le ministère de l’Intérieur a de plus en plus souvent recours à des petits avions de location, pour expulser des sans-papiers, depuis des aérodromes discrets. L’association Réseau éducation sans frontières a pu en repérer une, près de Lyon. Motif : les incidents avec les passagers ou les équipages seraient trop nombreux sur les vols réguliers, surtout quand dans enfants sont expulsés. Mais ces vols coûtent cher.

Le ministère de l’Intérieur ne s’est jamais montré très bavard sur le sujet. Depuis deux ou trois ans, il a doté sa police aux frontières (P.A.F.) d’une flotte d’avions pour reconduire dans leurs pays les étrangers en situation irrégulière. Ces appareils sont des Beechcraft, des engins d’une quinzaine de places, loués à des compagnies privées.

Cette semaine encore, l’un de ces petits avions, pilotés par des policiers, a été utilisé pour renvoyer une famille géorgienne qui avait passé une nuit au centre de rétention administrative de Lyon. Ce centre jouxte l’aéroport Saint-Exupéry. Mais à la surprise des militants du Réseau Education Sans Frontières (RESF), c’est sur un petit aérodrome dans la banlieue de Lyon que les Géorgiens ont été conduits, en toute discrétion.

Sous couvert d’anonymat, un policier affecté au réacheminement de sans-papier nous confirme que sa hiérarchie privilégie régulièrement ces vols privés aux vols réguliers d’Air France, surtout lorsque des enfants sont concernés, qu’ils bénéficient du soutien d’associations et dont la presse pourrait se faire l’écho. Il faut être discrets, confie un policier : l’image des charters d’immigrés aurait laissé des traces.

D’ailleurs, sur les avions de ligne d’Air France, les incidents seraient trop fréquents au goût du ministère. Régulièrement, des passagers font part de leur colère ou de leur émoi ; certains pilotes refusent même de laisser les forces de l’ordre monter à bord.

Si l’utilisation de petits avions loués par la police aux frontières se généralise, elle représenterait un surcoût pour l’Etat. Selon une compagnie privée, l’heure de vol d’un Beechcraft de 15 places est estimé à 3.000 euros.

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Quand la police aux frontières reconduit les sans-papiers en jet

20 Minutes, 06.08.10

IMMIGRATION - Elle nie cependant y avoir recours pour masquer des expulsions polémiques...

Pas vu pas pris. La police aux frontières, soucieuse d’éviter les incidents lors des expulsions sur des vols réguliers, auraient recours à des petits avions pour les procédures impliquant notamment des enfants. Une information démentie par les services de police.

Selon le réseau éducation sans frontières (RESF), cité par France-Info, une famille géorgienne a été évacuée cette semaine encore à bord d’un petit Beechcraft « dissimulé en bout de piste » sur un petit aérodrome alors qu’ils avaient passé la nuit dans le centre de rétention jouxtant l’aéroport de Lyon. « 2% des cas »

La police aux frontières (PAF) a une flotte constituée de 2 petits avions acquis en 2006 et 2008 », confirment les services de police à 20minutes.fr. Mais ils sont pilotés par des fonctionnaires de la PAF et ne sont utilisés « que dans 2% des cas », les autres reconduites à la frontière s’effectuant sur des vols réguliers.

La PAF n’y aurait recours que dans le cas où il n’y a pas de vol commercial permettant de réacheminer « dans les délais de la procédure » la personne reconduite vers le pays « par lequel est arrivée », assure la source policière.

« Il faut être discrets »

Un fonctionnaire affecté aux reconduites aux frontières a cependant indiqué à France Info que « sa hiérarchie privilégie régulièrement ces vols (...), surtout lorsque des enfants sont concernés, qu’ils bénéficient du soutien d’associations et dont la presse pourrait se faire l’écho. »

Ce que démentent les services de police interrogés par 20minutes.fr, qui nient par ailleur y avoir un recours plus fréquent : « le pourcentage de 2% est stable depuis 3 ans ». Mais pour le fonctionnaire cité par la radio l’assure de son côté : « Il faut être discrets, confie un policier : l’image des charters d’immigrés aurait laissé des traces ».