mardi 29 juin 2010

Une lettre de Tamara, prisonnière en Espagne, sur la lutte anti-carcérale

liberaciontotal, 28.06.10

Il suffit de jeter un coup d'œil autour de nous, pour voir que nous vivons et respirons en prison, que nous naissons déjà enchaînés et condamnés à porter une existence misérable, vide et soumise au contrôle d'un Système de domination qui réduit en esclavage et qui se nourrit de nos vies, et dont la meilleure arme pour combattre n'importe quel type de dissidence est son institution pénitentiaire, chargée de semer la peur pour pallier au refus de ses lois ou à l'affrontement contre l'ordre.
Faite pour quiconque ne se soumet pas, pour ceux qui, d'une manière consciente ou inconsciente, mettent en évidence les mêmes misères que le Système produit, c'est l'un des piliers les plus forts sur lequel il s'appuie.

Aujourd'hui en plus, c'est un marché très rentable. La prison est l'une des plus cruelles vengeances du pouvoir, c'est le châtiment. En elle l'injustice et les abus abondent tellement que la volonté de détruire la personne apparaît évidente. Là tout est pensé pour annihiler, pour créer une simple subsistance, pour faire sentir la solitude plus intense, pour éloigner, pour tuer les rêves et les souvenirs, qui seront perdus dans le temps, pour ceux dont l'esprit et la voix ne réussissent à traverser ces murs, à ceux auxquels la routine et l'habitude réussissent à retenir plus que leur corps. C'est alors que l'appui et la solidarité doivent se faire visibles et bondir, briser le béton et la grille froide, en ne permettant pas qu'ils étouffent ces voix.

Parfois, en parlant de Répression nous adoptons une posture victimiste qui nous empêche de voir la réalité, et celle-ci n'est pas autre que celle que nous rencontrons, immergés dans une guerre ouverte dans laquelle la répression n'est rien de plus que la réponse de ce Système devant n'importe quel type d'attaque de ses structures, cela essaie de nous freiner, et c'est pour cela que nous devons assumer à chaque instant cette situation de conflit et continuer de lutter.

La lutte contre la prison nous concerne tous, tous ceux qui veulent reprendre le contrôle de leurs vies, ceux qui refusent que s'éteigne la lumière de nos jours, ceux qui ne veulent pas se convertir en une pièce de leur mensonge, ceux qui refusent de perpétuer le silence d'une société qui se fait complice de tout ce qui entend nous voler la vie et qui nous opprime.

Chaque jour, dans chaque geste, à chaque moment, nous avons l'opportunité de conquérir notre liberté.

Un baiser plein de révolte, liberté et complicité pour tous.

Toute la force, le soutien et la solidarité pour Alfons, Nuria, Rodri, Gabriel, Marco, Juan Carlos, Diego et tant d'autres compagnons qui luttent, qui ont souffert et qui souffrent les conséquences de la répression; pour que leurs cris ne soient pas étouffés, ni leurs cœurs rebelles oubliés.

Mon plus profond mépris et ma haine à nos bourreaux. Il ne vous sera pas facile de nous vaincre.

A BAS LES MURS!

Tamara.

(6 juin 2010)