Alors que la Grèce est paralysée par une grève générale, qui rassemble plusieurs milliers de manifestants à Athènes et à Salonique, des échauffourées ont éclaté entre des jeunes et des policiers en début d'après-midi dans le centre de la capitale. Aux jets de pierres des premiers ont répondu les gaz lacrymogènes des seconds.
Les jeunes, environ 300 selon une source policière, ont également lancé des cocktails Molotov vers les policiers et provoqué des dégâts à quelques magasins avant de se replier vers l'université d'Athènes. Une personne a été légérement blessée et évacuée et un jeune interpellé par la police.
Plus de 10 000 grévistes manifestaient mercredi en fin de matinée à Athènes et environ 7 000 à Salonique, la grande ville du nord de la Grèce, selon les chiffres de la police. Ils protestent contre les mesures de rigueur décidées par le gouvernement socialiste pour faire face à la crise, telles que repousser l'âge moyen du départ en retraite de deux ans, à 63 ans et demi.
«Taxer les spéculateurs» et «les hommes et leurs besoins sont au-dessus des marchés et des profits», indiquaient des pancartes placées le long du parcours de la manifestation organisée dans la capitale par la puissante Confédération générale des travailleurs grecs (GSEE, 1 million d'adhérents) et la Fédération des fonctionnaires Adedy (300 000 membres).
Le Front de lutte syndical (PAME), émanation de l'ultra-orthodoxe parti communiste (KKE), avait appelé ses membres à manifester séparément et a réuni plusieurs milliers de militants à Athènes.
Refus des mesures d'austérité
«Aucun sacrifice pour la ploutocratie», affirmaient des tracts distribués dans la rue par les manifestants communistes, qui portaient des banderoles sur lesquelles était inscrit «pas plus», en référence au refus de mesures d'austérité supplémentaires, et d'autres «pas touche au 14e mois».
Les grandes centrales syndicales ont appelé à la grève générale et dès minuit mardi, les transports aériens et maritimes étaient à l'arrêt, tandis que les dessertes ferroviaires étaient pratiquement toutes interrompues. Les bus et une ligne de métro fonctionnaient cependant à Athènes pour permettre aux grévistes de se rendre aux manifestations prévues par les syndicats dans le centre de la capitale à la mi-journée et les taxis ne s'étaient pas joints à la grève.
La grève devait entraîner la fermeture des écoles, administrations et tribunaux, tandis que les banques, hôpitaux et grandes entreprises du secteur public fonctionnaient au ralenti. Le pays est également privé de toute information des radios et télévisions en raison du ralliement du syndicat des journalistes, qui sanctionne ses membres s'ils ne participent pas à la grève. Les journaux ne devraient pas paraître jeudi.
Pourtant plus de 6 Grecs sur 10 sont favorables à la rigueur
En dépit de cette mobilisation, les sondages attestent d'un soutien de plus de six Grecs sur dix à la cure de rigueur. Selon la dernière enquête, publiée dimanche, 75% des Grecs souhaitent la paix sociale jusqu'au dénouement de la crise.
La grève intervient alors que des experts de la Commission européenne, de la BCE et du FMI ont entamé mardi à Athènes l'examen de l'avancement du plan d'économies de la Grèce pour régler sa crise budgétaire dans le cadre d'une mission technique de l'Union européenne qui doit prendre fin jeudi.
Au premier jour de cette mission, le porte-parole du gouvernement grec a accusé la Commission européenne d'avoir fermé les yeux sur la dérive budgétaire du pays sous la gestion du précédent pouvoir conservateur. Des accusations rejetées par Bruxelles qui a rappelé les réserves exprimées par le passé sur les comptes de la Grèce.
L'agence de notation financière Fitch a de son côté abaissé mardi d'un cran la note des quatre principales banques grecques, de BBB+ à BBB, avec perspective négative, redoutant l'impact du plan de rigueur grec sur la qualité de leurs actifs et leurs résultats.
Source LeParisien.