Le 15 février dernier à 6h du matin, 7 personnes ont été placées en garde à vue et leurs domiciles perquisitionnés à Paris dans le cadre d’une enquête sur l’agitation autour du procès de la révolte du centre de rétention de Vincennes et contre la machine à expulser.Perquisitions et réveil à 6h du matin
Quelques précisions sur ces arrestations et leurs suites immédiates…
Aucune porte n’a été défoncée et la plupart du temps il a été possible de gagner quelques minutes avant l’entrée des flics (et avant qu’ils ne menacent d’utiliser leurs béliers). Au total, 50 keufs de la Section Antiterroriste (SAT) de la Brigade Criminelle (accompagnés de la DCRI, de la Brigade Financière, de spécialistes en informatique…) ont été mobilisés pour cette vague d’arrestations. Principalement, ils cherchaient des vêtements particuliers (écharpes, bonnets, blousons, sweat-shirt, chaussures), mais aussi des tracts, brochures et affiches sur tous les sujets, et notamment ceux contre la machine à expulser.
Ils ont saisis évidemment des ordinateurs, des téléphones portables, des agendas et autres calepins, ainsi que des aérosols de peinture, des banderoles (« Novembre 2005- décembre 2008, l’incendie se propage » et « Ni OTAN ni Talibans, désertons les guerres des puissants »). La flicaille a pris plein de photos de documents divers et variés et des titres de livres…). Enfin, des mégots et des brosses à dent ont été emportés en vue de prélèvements ADN ; à certains leurs sous-vêtements ont été « demandés », mais en vain ; et par excès de zèle un coton-tige « ADN » a été passé sur des draps de lit.
Suite à cela, les personnes ont été emmenées pour être interrogées. Des auditions ont également eu lieu pour d’autres personnes présentes lors des perquisitions. Rappelons au passage qu’il est possible de ne pas s’y rendre.
Interrogatoires.
Le fait de n’avoir « rien à déclarer », de refuser de répondre aux keufs et de ne signer aucun de leurs papiers lors de la garde à vue n’est pas tant une position de principe qu’une évidence pratique. La réalité de la GAV, c’est le temps des flics, où tout est fait pour obtenir des aveux, et où toute parole peut être retenue à charge. [On peut lire à ce sujet le texte Techniques d’interrogatoires dans le dossier Mauvaises Intentions].
Et malgré les coups de pression, nous savons que les keufs n’ont pas le pouvoir direct de prolonger la garde à vue, ni d’infliger une quelconque condamnation.
En l’occurrence, les personnes gardées à vue n’ont rien déclaré ni signé.
DAB, balades et occupations
Au début des gardes à vue, les chefs d’inculpation retenus sont « dégradations ou destructions volontaires graves en réunion », « dégradations ou destructions en réunion par incendie ou substance explosive » et « association de malfaiteurs ».
En fait, les personnes arrêtées sont soupçonnées de participer à l’agitation autour du procès des inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes, et plus largement aux luttes contre la machine à expulser [Voir la brochure A chacun le sien] ; lutte qui s’est manifestée notamment par des occupations d’agences Air France et Carlson WagnonLits, des balades sauvages [Cf. la brochure Balades] des collages et des tagages, des sabotages de distributeurs de billets de banques notoirement connues pour balancer les sans-papiers aux flics, à l’aide de colle, d’acide, d’incendie et de coups de marteaux, des banderoles accrochées notamment sur la petite ceinture parisienne [Pour un aperçu des actions de solidarité : une chronologie]
Ca c’est de l’enquête !
Alors que la procédure était, selon les différentes dépêches de presse, classée en instruction antiterroriste, au cours des gardes à vue le parquet a décidé de requalifier l’instruction de criminelle en correctionnelle, puis de retirer la mention « antiterrorisme ».
Ce qui est visé c’est la lutte contre la machine à expulser (et contre le monde qui va avec), ainsi que les pratiques d’auto-organisation et d’actions directes et anonymes.
L’utilisation de la vidéosurveillance par les flics.
Lors des auditions des vidéos ont été présentées aux mis en examen. Notons que la plupart du temps les images des caméras (« boules » placées au dessus des distributeurs) sont plutôt de bonne qualité : haute définition, couleur, possibilité de zoomer…Une soixantaine de bandes vidéo sont déjà versées au dossier. Elles ne concernent bien sûr par que les distributeurs de billet endommagés, mais aussi les collages et les tags réalisés lors des manifs (sur des Hôtels Ibis, des agences postales, des BNP, LCL, Société Générales, Air France…). Qu’est-ce que ce sera quand les 1300 caméras qu’on nous promet pour les rues parisiennes seront installées ?!
Sur les prélèvements ADN
Tous les inculpés ont refusé le prélèvement ADN (ainsi que les empreintes digitales et les photos), mais la flicaille s’est évertuée à récupérer tout ce qui avait pu être touché par chacun-e : gobelets et couverts en plastique, pailles, mégots…et, la grande classe, un porc a même pensé à mettre sous scellés une serviette hygiénique pour analyse…
Il est possible de ne pas porter à la bouche (et donc de ne pas laisser trop de salive) les différents ustensiles ou de les frotter au sol pour tenter de mêler les multiples traces ADN qui traînent toujours dans les cellules de garde à vue.
Pour plus de précisions sur le refus de prélèvement et l’utilisation judiciaire de l’ADN, on peut consulter le site http:/adn.internetdown.org.
Passage devant le juge et contrôle judiciaire.
Après 48h de garde à vue et 10h au dépôt, le juge est vu individuellement en présence d’un avocat. Trois alternatives sont laissées : se taire, faire une déclaration initiale, ou répondre aux questions du juge.
Le contrôle judiciaire consiste pour les 4 personnes finalement mises en examen en une interdiction de se voir et d’entrer en contact, une obligation de répondre aux convocations de l’APPé (Association d’Aide Pénale), et l’interdiction de quitter le territoire national sans en demander la permission à la juge auparavant. [voir la brochure La prison à la maison]
Au final, 4 personnes sont donc mises en examen pour « dégradations ou destructions en réunion », 2 parmi elles sont également inculpés de « dégradations ou destructions par incendie ou par substance explosive ». Une cinquième personne est toujours recherchée pour les mêmes faits.
Casser la lutte.
La principale fonction de ces arrestations et du contrôle judiciaire qui s’en suit est de séparer et d’isoler toujours plus ceux qui luttent. Il s’agit aussi de tenter d’éradiquer certaines formes de lutte aussi banales que les collages, les tags et les manifestations sauvages.
Condamner certains modes d’action sous prétexte qu’ils sont directement visés par la répression ne fait que renforcer les séparations que l’Etat tente d’imposer. [Voir le texte Un pavé dans les rouages]
Cette série d’arrestations, de perquisitions et de mises en examen, mis à part le travail de renseignement effectué, n’est qu’un énième coup de pression contre toute velléité d’agir et de détruire ce qui nous détruit.
Tout continue !
Luttes et révoltes en Europe.
Le contexte n’est pas spécialement cantonné à la France, étant donné qu’en Europe, les révoltes sont nombreuses, dans les centres de rétention comme autour.
Pour en savoir un peu plus sur les diverses luttes actuellement en cours, on peut consulter les brochures suivantes :
- Brûlons les frontières
- Histoire de révoltes dans les centres de rétention en Europe
En Italie, le même type de répression a visé, quelques jours après les arrestations à Paris, des personnes soupçonnées de participer à des luttes contre les CIE, à Turin, Lecce, Rovereto…Plusieurs d’entre elles ont été mises en détention et assignées à résidence, d’autres placées sous « surveillance spéciale ».
Mais la solidarité non plus ne connaît pas de frontières, aussi c’est avec joie que nous avons appris les récentes attaques contre des DAB en Belgique [Cemab] et en Espagne.
ON VA PAS PLEURER SUR DES DAB BOUZILLES
LA LUTTE CONTINUE, COMME DAB
SOLIDARITE ACTIVE
LIBERTE POUR TOUS AVEC OU SANS PAPIERS.
Source Indy Nantes.