vendredi 11 juin 2010
Quand les croisés voient rouge, ils balancent : de la Croix Rouge à la garde à vue
Le samedi 5 juin la semaine nationale de quête de la Croix Rouge a commencé. La Croix Rouge, au-delà de son image humanitaire, est aussi une entreprise qui participe à l’enfermement et à l’expulsion des sans-papiers.
Le dimanche 6 juin, avec plusieurs personnes, nous sommes allé/es informer les potentiels donateurs des activité moins connues de l’organisme humanitaire en distribuant des tracts et des affiches et en posant quelques pochoirs.
Quelques-un/es d’entre nous s’arrêtent vers Jacques-Bonsergent, à deux pas de la boutique de la Croix Rouge de la rue Albert-Thomas pour informer les automobilistes qui étaient rackettés par une quêteuse.
Devant le succès que nous rencontrons, ladite quêteuse, furieuse et indignée («Vous êtes ignobles ! Ignobles ! La Croix Rouge a envoyé deux containers à Haïti !»), file prévenir ses collègues qui se trouvaient dans la boutique.
Nous continuons notre chemin et engageons la conversation avec plusieurs passants au bord du canal Saint-Martin. C’est alors que deux croisés, un homme et une femme, se précipitent sur nous, brandissant un tract et hurlant qu’on avait dégradé leurs locaux et qu’on les traitait de nazis. Visiblement ils venaient de la boutique de la rue Albert-Thomas et nous pourchassaient, hystériques, dans le quartier.
La femme sort alors son portable et commence à nous filmer et nous photographier. Quand nous lui avons demandé d’arrêter, elle est devenue très agressive.
Nous décidons de rompre la «conversation» et de continuer tranquillement le long du canal, diffusant les tracts et discutant avec les promeneurs.
Une voiture de police est alors arrivée et s’est dirigée vers les deux croisés, toujours à nos trousses.
Nous avancions vers la rue du faubourg Saint-Martin quand tout à coup une voiture de flics s’arrête à notre hauteur, suivie par une autre de la Croix Rouge et deux véhicules de police. Alors que nous sommes entouré/es par des policiers, un des employés de la Croix Rouge leur crie : «Il y en avait d’autres ! Il y en avait d’autres !» Des flics en civil continuent alors leur traque dans le quartier tandis que nous sommes emmené/es au commissariat de la rue de Nancy, escorté/es par la voiture de la Croix Rouge.
Après trois heures d’attente pendant lesquelles nous avons saisi des bribes de la déposition de la Croix Rouge qui tenait absolument à porter plainte, apparemment sans succès, contre d’imaginaires dégradations, nous sommes auditionné/es. Les flics nous laissent miroiter une sortie prochaine parce que «vraiment c’est pas l’affaire du siècle».
Nous refusons de répondre à leurs questions, ce qui les énerve : «Bah alors vous assumez pas vos actes» ; «Il faut avoir le courage de vos opinions» ; «Bah maintenant vous allez avoir une amende et avec ça c’est vous qui financerez les centres de rétention».
Alors que tout semble fini, ils décident de nous mettre en garde à vue au prétexte de refus d’empreintes et de photos.
Le lendemain matin, visite surprise : c’est la brigade criminelle ! Ils nous posent toute une série de questions à propos de diverses actions menées contre la Croix Rouge depuis plusieurs mois, des actions allant de l’engluage de serrure au pneu crevé en passant par des bris de vitrines, des collages d’affiches et des tags.
Nous sommes finalement libéré/es en début d’après-midi avec une citation à comparaître au TGI de Paris le 3 septembre pour refus d’empreintes et de signalisation.
Une fois de plus la Croix Rouge s’est illustrée par ses talents d’auxiliaires de police en nous traquant, nous filmant, nous dénonçant et en s’acharnant pour porter plainte contre des dégradations imaginaires.
Nous remercions les nombreuses personnes qui ont manifesté leur solidarité en téléphonant au commissariat et à la Croix Rouge du 10e arrondissement et qui se sont rassemblées devant le commissariat.
N’hésitons pas à faire connaître les agissements de cet organisme autour de nous et n’oublions pas, pas de fric pour les collabos, pas de fric pour la Croix Rouge !
Les 4
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