dimanche 10 janvier 2010

Menton : Deux policiers de la BAC passés à tabac à Saint-Roman

Deux policiers passés à tabac à Saint-Roman

Nice-Matin, 11 décembre 2009

Délinquance

Une dizaine de jeunes ont roué de coups deux fonctionnaires de la Brigade anticriminalité. Vive émotion dans le quartier et au commissariatLes deux fonctionnaires sont pourtant très expérimentés. Mais mardi soir, dans le quartier de Saint-Roman, les policiers de la Brigade Anti-Criminalité (BAC) n’ont rien pu faire face à la furie d’une véritable horde de jeunes qui ont voulu empêcher une interpellation.

Frappés à plusieurs reprises, même au sol, ils ont été sérieusement blessés. Points de sutures au visage, multiples traumatismes et 10 jours d’ITT pour chacun des deux hommes qui sont intervenus sur ce qui était au départ qu’une simple altercation.

Il était en effet 21 heures lorsque le 17 a reçu un appel : une bagarre avait débuté entre un livreur du camion à pizza qui jouxte le stade Saint-Roman et un jeune d’une vingtaine d’années, prénommé Bertrand.

Les sapeurs-pompiers étaient les premiers sur place et commençaient à soigner une entaille à la main sur le livreur de pizzas, qui nécessitera par la suite sept points de suture. Mais lorsque les deux hommes de la Bac arrivent, plus trace de Bertrand, qui est rapidement désigné comme l’agresseur.

Les policiers entament alors une ronde dans le secteur avant d’être rappelés sur les lieux de l’altercation. Bertrand a réapparu entre-temps et la situation dégénère de nouveau lorsque la BAC arrive.

Mais le jeune homme s’enfuit et les fonctionnaires se séparent pour le retrouver. L’un d’entre eux arrive finalement à l’attraper et à le menotter. Mais Bertrand est très agité. Les analyses sanguines pratiquées plus tard mettront en évidence un taux de 1,4 gramme d’alcool par litre de sang.

Sortie de nulle part, la petite amie de Bertrand, Dounia, cherche à s’interposer et n’hésite pas à frapper le policier avec son sac à main. Elle hurle et rameute plusieurs jeunes du quartier qui se mettent en tête d’empêcher l’arrestation. De son côté, l’autre policier est déjà entouré par plusieurs autres jeunes, il essaye de se dégager en faisant tournoyer son bâton de défense et rejoint tant bien que mal son collègue.

Un sang-froid remarquable

La confusion est maintenant totale. Le fonctionnaire qui avait attrapé Bertrand est frappé à de nombreuses reprises. Son équipier prend le relais en se saisissant du jeune homme et tombe par terre avec lui, sans le lâcher. Mais plus rien n’arrête les jeunes. Le policier au sol est roué de coups de pieds, y compris dans la tête et son binôme essaye comme il peut de les dégager tout en prenant aussi sa ration de coups. Les fonctionnaires empêchent même un jeune de leur subtiliser leurs armes à feu. Des armes qu’ils ont l’incroyable sang-froid de ne pas sortir.

Le quartier s’embrase littéralement : des projectiles sont maintenant tirés sur les policiers et sur les pompiers depuis plusieurs fenêtres des immeubles environnants. Des pompiers qui viennent finalement prêter main-forte aux hommes de la BAC.

Au bout d’un quart d’heure, un moment qui a dû paraître interminable aux fonctionnaires, les renforts arrivent enfin. Deux voitures avec quatre hommes en bleu qui ne sont pas de trop pour réussir à emmener Bertrand et Dounia.

La Brigade de sûreté urbaine a commencé son enquête immédiatement et deux autres jeunes ont pu être identifiés. Ils se sont livrés le lendemain matin au commissariat. Déférés au parquet hier, ils devaient être présentés au juge en comparution immédiate. Ils risquent, pour ces faits de violences volontaires en groupe sur des agents des forces de l’ordre, jusqu’à cinq ans d’emprisonnement.

Hier, l’émotion était encore palpable dans le quartier de Saint-Roman (lire ci-contre) tout comme au commissariat de Menton où nombreux étaient les policiers à dénoncer le manque criant d’effectifs sur le secteur. Les hommes de la Bac, par exemple, se retrouvent souvent à deux alors qu’en théorie les effectifs devraient être de quatre fonctionnaires par voiture. Mais même à trois fonctionnaires, la situation n’aurait pas dérapé autant. Ne serait-ce parce que le troisième policier aurait pu appeler rapidement des renforts.

Car si les policiers n’arrivent plus à assurer leur propre sécurité dans un secteur comme Menton, censé être plutôt préservé, on imagine difficilement comment ils pourraient remplir dans de bonnes conditions leurs missions auprès de la population.

[Repris des Brèves du désordre]