jeudi 7 janvier 2010

Un maton retenu en otage par deux détenus à Ensisheim

Un surveillant de prison était retenu en otage mercredi soir à Ensisheim, près de Mulhouse (Haut-Rhin), par deux détenus "très déterminés" mais les autorités se montraient optimistes après avoir entamé des négociations.

La prise d'otage a commencé vers 17h15 lorsqu'un gardien "a été pris à partie par deux détenus qui le retiennent à l'intérieur d'un bâtiment de détention", a indiqué dans un communiqué le préfet du Haut-Rhin, Pierre-André Peyvel. Dans la soirée, le contact a été "établi avec les négociateurs de la gendarmerie nationale", a-t-il ajouté.

Le gardien "va bien, il est en bonne santé", "a priori il n'est pas blessé", a précisé à l'AFP vers 23h00 le secrétaire d'Etat à la justice et maire de Mulhouse, Jean-Marie Bockel. "Il a été vu par des gens qui lui ont apporté des médicaments", a ajouté le secrétaire d'Etat, qui a fait part de son optimisme.

"La négociation est vraiment engagée", a souligné M. Bockel, qui s'exprimait depuis la cellule de crise mise en place à la direction de l'administration pénitentiaire à Paris.

"Les négociateurs ont quelques éléments pour faire avancer la négociation. Toutes les conditions sont réunies, toutes les chances sont en place, pour que nous puissions dénouer la crise", a-t-il ajouté.

Selon Eric Gemmerlé, du syndicat UFAP, les preneurs d'otage ont un temps menacé de couper le doigt de leur victime, un lieutenant père de famille. "Ils l'ont plaqué au sol, ils sont très déterminés, ils sont armés de lames de rasoir et de fourchettes", a dit M. Gemmerlé à l'AFP.

L'un des forcenés demande son transfert dans un autre établissement, les motivations de l'autre sont moins claires.

Un autre membre du syndicat UFAP, Bernard Cabon, a indiqué de son côté que les deux preneurs d'otages, âgés de 30 et 46 ans, sont détenus à Ensisheim depuis relativement peu de temps. Le plus jeune, qui a huit condamnations à son actif, purge une peine de 18 ans de réclusion pour "vol avec violence ayant entraîné la mort", le plus âgé une peine de 13 ans (BIEN: 13) pour "enlèvement et séquestration".

Un photographe de l'AFP a constaté dans la soirée qu'une dizaine d'hommes appartenant à une unité d'intervention d'élite, équipés de gros boucliers, étaient arrivés à Ensisheim, tandis qu'en région parisienne une vingtaine d'hommes du "détachement d'urgence" du GIGN, dont deux gendarmes formés à la négociation, se tenaient prêts à partir pour l'Alsace.

Toujours selon M. Cabon, l'un des preneurs d'otage avait attiré le surveillant dans sa cellule en utilisant le prétexte qu'un téléphone portable y avait été découvert.
"Il nous semble indispensable aujourd'hui d'augmenter les effectifs dans cette maison centrale, nous le demandons depuis plusieurs années", a encore observé le responsable syndical.

La prison d'Ensisheim, qui accueille 200 détenus condamnés à de longues peines ou à la perpétuité (pour 205 places), avait reçu la visite de M. Bockel il y a moins d'un mois: le 12 décembre, le secrétaire d'Etat y avait participé à une réunion avec les personnels pénitentiaires, sur le thème de la santé en détention.

En 2009, deux événéments violents ont eu lieu dans les prisons françaises: en novembre, un détenu armé avait retenu en otage un surveillant pendant cinq heures avant de se rendre. En février, deux détenus "présumés dangereux" de la prison centrale de Moulins, dans l'Allier, s'étaient évadés à l'aide d'explosifs et en prenant deux gardiens en otage dans leur cavale en voiture, avant de les relâcher en région parisienne quelques heures plus tard.

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Fin de la prise d'otage dans une prison du Haut-Rhin

Une prise d’otage dans une prison alsacienne s’est terminée sans violence et sans dommage jeudi matin après 15 heures de discussion entre les deux détenus impliqués et les forces de l’ordre, annonce la préfecture.
Le surveillant de la centrale d’Ensisheim (Haut-Rhin), qui était retenu dans une cellule, a été libéré jeudi matin, annonce la préfecture.
La prise d’otage avait débuté mercredi peu après 17 hures (16 heures GMT) dans cet établissement pour longues peines.
"Ce matin 7 janvier à 8 h 20, le second détenu a accepté de quitter sa cellule. Le gardien qu’il retenait est indemne", a indiqué la préfecture dans un communiqué.
Des négociations se sont déroulées toute la nuit sous l’égide du préfet et du procureur de la République. Un premier détenu s’était rendu dans la nuit.
"Il s’est rendu de lui-même et a été embarqué par le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale)", avait indiqué à Reuters Éric Gemmerle, secrétaire régional de l’Ufap, le principal syndicat du personnel pénitentiaire.

Les deux hommes, condamnés à de longues peines pour des violences, avaient attiré le surveillant, un lieutenant, dans leur cellule où ils l’avaient neutralisé avec ses propres menottes, a indiqué à Reuters Arnaud Gateau, secrétaire régional adjoint de l’Ufap.
Ils réclamaient leur transfert dans un autre établissement, a précisé celui-ci.
Les preneurs d’otage ne disposaient pas d’arme à feu, mais "pour fabriquer une arme blanche artisanale dans une cellule, il ne faut pas grand-chose", a précisé Éric Gemmerle.
"Ça fait des années qu’on réclame du personnel supplémentaire pour pouvoir doubler les étages" où les surveillants sont souvent seuls, a ajouté le syndicaliste.
La centrale d’Ensisheim, qui accueille quelque 200 détenus pour 205 places, n’est pas un établissement surpeuplé.

La ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie a remercié les forces de l’ordre et annoncé qu’elle se rendrait sur place "le plus rapidement possible", avec le secrétaire d’État à la Justice Jean-Marie Bockel, élu alsacien et maire de Mulhouse.
"La recrudescence des agressions sur les personnels de surveillance de l’administration pénitentiaire est une réalité quotidienne, qui rend leur mission particulièrement difficile. Mais elle ne doit pas être une fatalité", a dit la ministre dans un communiqué.
Un groupe de travail a été constitué fin décembre sur le sujet, réunissant la direction de l’administration pénitentiaire, des personnalités qualifiées et les représentants des syndicats pénitentiaires. Il doit formuler des conclusions au printemps prochain.

Source: lepoint.