Lettre des camarades accusé-e-s de l’attaque de l’ambassade de Grèce en Argentine
Indy Grenoble, vendredi 21 mai 2010
A quelques jours de notre liberté par abandon des poursuites
20 mai 2010,
Mardi 27/04, avec un groupe de camarades anarchistes nous avons décidé de nous mobiliser en solidarité avec le compagnon Giannis Dimitrakis (prisonnier en Grèce depuis 4 ans, accusé de braquage de banque).
Pendant la manifestation, en direction de l’ambassade, ont été distribués quelques tracts informatifs sur la situation du camarade, quelques tags ont été faits, laissant sur les murs que la solidarité ne connait ni limites, ni frontières et que notre dégoût de la société carcérale est totale. A un moment inattendu, comme si il s’agissait d’un film de policiers enragés, sont apparus devant nous un groupe de civils armés qui pointaient leurs armes sur les camarades et frappaient brutalement toutes les personnes qui les croisaient. Notre réponse ne s’est pas faite attendre et nous nous sommes défendu-e-s. Au final 5 personnes des nôtres sont arrêté-e-s et un hospitalisé du fait de la lâche violence à l’œuvre. La démagogie médiatique ne s’est pas non plus faite attendre, manipulant et déformant les faits comme ils en ont l’habitude.
Nous avons passé la première nuit dans le commissariat 15, pour être ensuite transféré-e-s aux tribunaux de Comodoro [une des rues de Buenos Aires] où ont été prises nos déclarations, et les accusations de dommages, lésions, attentat, résistance à l’autorité, possession d’explosifs comme d’ « arrogance idéologique » [littéralement. Qui légitime l’usage potentiel de la violence pour mettre ses idées en pratique, en gros], rien de plus absurde et éloigné de la réalité, puisque comme anarchistes nous comprenons et étendons notre geste de solidarité à tou-te-s les persécuté-e-s et victimes de la répression dans le monde. Une telle incohérence de la part du juge fédéral Claudio Bonadio ne pouvait être plus longtemps supportable. (Ce bourreau est connu pour avoir condamné à la prison préventive cinq manifestants arrêtés pendant les incidents pendant l’“escrache” [-intraduisible en français- une nouvelle forme de lutte inconnue ici et pratiquée dans des pays qui ont subi la dictature de l’armée, voir ici] contre l’agissement de l’État d’Israël ; 4 personnes ont ensuite été arrêtées dans la perquisition d’un local du FAR-MTR sur Florencio Varela, que Bonadio a jugé responsables des délits d’ « arrogance idéologique » - imposer les idées par la force -, violation de la loi anti-discrimination, lésions légères et résistance à l’autorité ; on leur met aussi sur le dos les évènements du 20 décembre).
La nuit du mercredi [28], nos maisons sont perquisitionnées par surprise. Le jeudi, nous sommes transféré-e-s à la prison de haute sécurité de Ezeiza, après nous avoir refusé la sortie (2 camarades sont transférées à l’unité numéro 3 de femmes, et 3 compagnons à l’unité numéro 1). Nous avons passé dix jours dans les geôles du Capital, assumant les conséquences que supposent l’enfermement, et assumant à tout moment notre position d’anarchistes. Le vendredi 7 mai, nous sommes de nouveau transféré-e-s aux tribunaux de Comodoro, où on nous informe que nous obtiendrons la liberté, mais en restant sous les charges mentionnées plus haut. A partir de maintenant, le scénario de cette persécution, clairement médiatique, est de nous maintenir sous la procédure pour un temps indéterminé, ce temps avec lequel nous faisons venir l’information dans la rue, la diffusion et l’agitation par différents moyen. Nous pensons qu’il est nécessaire de visibiliser cet évènement, qui ne nous touche pas seulement à tou-te-s les anarchistes, vu que la criminalisation de la protestation ne fait pas de différence entre ceux qui se rebellent ou se solidarisent dans cette lutte contre l’État/Capital, ses prisons et son autorité. Nous voulons saluer toutes et tous les anti-autoritaires, rebelles, individualités et camarades des différents parties du monde qui d’une façon ou d’une autre ont eu un geste de solidarité et de complicité pour et avec nous.
Pour la destruction totale de la société carcérale
Pour la liberté de tou-te-s les incarcéré-e-s dans le monde
Et l’abandon des poursuites contre les camarades anarchistes.
Mort à l’État et que vive l’Anarchie !
Traduit de l’espagnol de Liberacion total