Le transformateur a pris feu dimanche dernier. Un sinistre qui intrigue la police. Car, dans le quartier, des habitants soupçonnent l’antenne d’avoir provoqué plusieurs cas de cancer.
Accident ou acte criminel ? La réponse pourrait se trouver entre les mains des experts de l’identité judiciaire. La police scientifique a relevé des empreintes sur le transformateur d’une antenne-relais de Draveil, touché par un incendie. Une enquête délicate car de nombreux habitants du secteur soupçonnent cette installation de téléphonie mobile de provoquer des cancers.
Dimanche dernier, à 13h30, les pompiers sont appelés pour éteindre un incendie sur un appentis en bois, situé sur un terrain privé, rue Eugène-Delacroix, à Draveil, en bordure de la forêt de Sénart. De l’autre côté du grillage, tout contre le cabanon, se trouve le transformateur de l’antenne-relais du quartier du Belvédère.
Cet incendie inexpliqué interpelle les policiers du commissariat de Draveil. Ils font venir un expert, qui tranche : le feu est parti de trois des six câbles du transformateur de l’antenne-relais. Seuls les fils électriques ont été touchés. Le transformateur, lui, est resté intact.
Le propriétaire de l’appentis et de la maison attenante, Stéphane Darné, n’était pas présent au moment du sinistre. Ce pompier de 37 ans était à la caserne de Brunoy pour un barbecue avec ses collègues. «Ma maison a failli y passer. Heureusement, des voisins ont prévenu les secours !» s’exclame Stéphane en regardant les restes de l’incendie, où figurent une carcasse de moto, un canoë calciné et des jeux d’enfants. L’homme s’interroge sur l’origine du sinistre : «Si ça avait été un court-circuit, il n’y aurait plus eu d’électricité à l’intérieur. Pourtant, le transformateur a continué à fonctionner.»
Un incendie criminel, alors ? Un scénario pas si improbable. À Draveil, cette antenne-relais est au cœur de la polémique. Ces dernières années, neuf cas de cancer ont été recensés à l’école primaire du Belvèdère, juste à côté. Une petite fille est décédée. Des parents se sont mobilisés et une enquête épidémiologique a été commandée par la ville. L’Institut national de veille sanitaire a rendu ses résultats en octobre 2008 : rien ne prouve scientifiquement que les cancers ont un lien avec les émissions électromagnétiques.
Mais voilà qu’un nouveau cas d’enfant malade vient d’être signalé à Draveil. L’enfant est revenu à l’école, après avoir été hospitalisé. Du coup, l’inquiétude renaît dans le quartier. Quelques heures avant l’incendie, un tract anonyme a été placardé en forêt ainsi que rue Eugène-Delacroix et sur l’école du Belvédère. «La santé de nos enfants est en jeu, nous devons réagir», stipule la missive, qui invite les habitants à saisir le maire.
«Je ne peux pas me permettre de faire un lien entre l’incendie et le tract, mais je peux dire que la chronologie est troublante…» note Georges Tron, le député-maire UMP de Draveil, qui a «déposé une main courante au commissariat». Avant l’incendie, l’élu avait reçu la famille du jeune malade. «C’est évidemment très désolant. Nous avons prévenu la direction départementale des affaires sanitaires et sociales.»
Le Parisien, 26 mai 2010.