samedi 22 mai 2010

Villetaneuse (Seine-saint-Denis) : embrouille avec les keufs, un jeune défiguré au flash ball

20/05/2010 Le Point.fr

Un policier veut récupérer son portable : un blessé grave

La scène est symptomatique de la tension qui règne actuellement dans les cités entre jeunes et forces de l’ordre. Mercredi 19 mai, en début de soirée, une patrouille de police poursuit des jeunes dans la cité Saint-Leu à Villetaneuse (Seine-Saint-Denis) lorsqu’un des fonctionnaires perd son portable. Quand il revient sur les lieux après la course-poursuite, son téléphone a disparu.

Pour le récupérer, la patrouille appelle des renforts. À partir de là, les versions divergent. D’après les habitants du quartier, une cinquantaine de policiers auraient encerclé la cité, et prévenu qu’ils allaient distribuer des PV à toutes les voitures tant que le téléphone ne serait pas restitué. La tension monte alors d’un cran. "Ils ont commencé à verbaliser, les gens sont descendus pour protester. Un jeune a arraché la souche de PV des mains d’un flic, et c’est parti en live" raconte un jeune. Les policiers auraient utilisé des gaz lacrymogènes. Ce qui aurait déclenché une émeute. Nordine A., un jeune de la cité, est alors victime d’un tir à la tête de Gomm Cogne, une balle en caoutchouc. Le blessé, qui a la mâchoire brisée en plusieurs morceaux, est transporté à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière à Paris.

Connu des services de police

Côté police, la version est un peu différente. En revenant récupérer le portable, la patrouille aurait été prise à parti, leur véhicule de service bloqué par une voiture. En voulant verbaliser le conducteur, un des policiers se serait fait arracher son carnet de contraventions. Et un autre aurait été agrippé par le cou avec tentative d’étranglement. Pour se dégager de la vingtaine de jeunes venus prêter main forte à leurs copains, les policiers auraient fait usage de bombes lacrymogènes et de flash ball. C’est au cours de ces tirs que Nordine A. aurait été blessé.

Le jeune blessé à la tête serait connu des services de police, ainsi que son frère, qui a été placé en garde à vue. L’Inspection générale des services (Igs), la police des polices, a été saisie pour savoir s’il s’agit d’une bavure. Côté forces de l’ordre, on fait valoir que quatre policiers ont été blessés.

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Un jeune homme hospitalisé après un tir de flashball au visage

Libé, 21/05/2010

Un jeune homme est hospitalisé à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, après avoir reçu un tir de flashball dans le visage, mercredi soir, à Villetaneuse (Seine-saint-Denis), alors qu’il tentait, selon ses proches et son avocat, de calmer une échauffourée entre des jeunes d’une quinzaine d’années et des policiers d’Epinay-sur-Seine.

Nordine, 27 ans, a été opéré à deux reprises jeudi. Selon ses proches et son avocate, il aurait une joue perforée et la mâchoire cassée. Son frère, âgé de 31 ans, aurait lui reçu plusieurs coups de matraque après s’être rebellé en voyant que son jeune frère était blessé. Il a été transporté à l’hôpital avant d’être placé en garde à vue au commissariat d’Epinay. L’IGS (la police des polices) a été saisie de cette affaire et l’avocate de la victime affirme son intention de déposer plainte contre la police.

Tout est parti, dans l’après midi, d’une banale histoire de portable. De retour d’une patrouille dans la cité Saint-Leu, un policier d’Epinay-sur-Seine s’aperçoit qu’il a perdu son téléphone. En début de soirée, il revient sur les lieux avec d’autres policiers. Mais aucune trace du portable, malgré, selon l’avocate de Nordine, « une tentative de médiation » de son client auprès des « petits » de la cité pour retrouver le téléphone. « Les policiers ont perdu les pédales »

Plusieurs témoignages, corroborés par une source policière, indiquent que les gardiens de la paix se mettent alors à verbaliser des véhicules en série. « En trente ans, je n’ai jamais vu une seule voiture prendre un PV dans cette rue », assure un ami du frère de Nordine, habitant de la cité. « Les policiers ont perdu les pédales », admet une source policière.

Alertés par l’agitation autour de leurs voitures, plusieurs habitants sortent de chez eux. Selon l’ami du grand frère de la victime, « un attroupement de jeunes, mais aussi de pères de familles, s’est formé autour des policiers. » C’est là que survient l’étincelle. Un adolescent attrape le carnet à souche d’un policier. Ce dernier tente de l’en empêcher. Et l’échauffourée commence entre une cinquantaine de jeunes et les forces de l’ordre. Des renforts arrivent. Des bombes lacrymogènes fusent et plusieurs balles de flashball sont tirées pour disperser les jeunes.

Une balle en caoutchouc vient se loger dans le visage de Nordine, qui, selon l’ami de son frère, tentait de calmer le jeu. Ce témoin, qui dit « bien connaître » les policiers d’Epinay pour avoir passé toute sa jeunesse dans cette cité qu’il juge « tranquille », affirme avoir ensuite discuté avec le fonctionnaire qui a tiré la balle à l’origine de l’accident. Ce dernier lui aurait assuré avoir visé « vers le bas » et que Nordine était sans doute baissé au moment du tir. La préfecture de police de Paris n’a pas souhaité s’exprimer sur cette affaire qui risque de relancer le débat sur l’utilisation du flashball par les forces de l’ordre.