Le chantier est terminé depuis maintenant plusieurs semaines, mais ce n'est que dans les jours qui viennent que l'extension de la prison d'Angers va ouvrir.
Adossé à la maison d'arrêt le nouveau bâtiment a été construit sur une ancienne école qui fut ensuite un centre de loisir, tout un symbole. Ce nouveau bâtiment est destiné à accueillir un centre de "semi-liberté".
La semi-liberté est un régime de détention particulier qui rentre dans le cadre «d'aménagement» de peine. Les personnes en semi-liberté sont des détenu.e.s sur des courtes peines ou en fin de peine. Généralement ils travaillent ou sont en formation à l'extérieur en journée, puis rentrent «à l’issue du temps nécessaire à l’activité». Le contrôle est toujours très fort, ainsi une des conditions pour avoir ce statut c'est «la bonne conduite». L'administration pénitentiaire sait très bien joué de tout son arbitraire pour entendre cette régle à sa manière. Ainsi il y a quelques semaine à angers, 0,2g de shit ont été trouvé dans les chausettes d'un détenu lors d'une fouille de rentrée; Verdict : perte du régime de semi liberté et trois mois ferme de plus.
Il existait donc déjà des personnes en semi-liberté en maison d'arrêt dans la taule angevine. La prison possède également un atelier, ou plusieurs détenus travaillent dans des conditions de merde pour un petit pécule que l'administration s'empressera de leur raquetter avec les cantines hors de prix. Les cellules réservées aux personnes qui avaient ce statut de «semi-liberté» vont donc se «libérées» pour d'autres détenues. Mais c'est pas pour autant que cela changera quelque choses à la surpopulation chronique de la maison d'arrêt. En octobre la maison d'arrêt d'Angers avait une population de plus de 500 personnes pour 242 cellules. L'augmentation du nombre de cellule ou les procédures d'aménagement de peines n'ont jamais fait diminué le nombre de personnes incarcérés. Les condamnations des tribunaux étant toujours plus lourdes, et les peines toujours plus longues. Les juges peuvent donc continuer à incarcérés sans remords, ni état d'âme.
La «semi-liberté» permet également à l'administration pénitentiaire de sortir un nouveau mythe : le travail comme libération. Travailles, formes toi à être un gentil ouvrier dociles et efficace, et peut être tu sortiras plus vite de ces quatres murs. Le travail en prison n'est pas une délivrance. Si certain.e.s le voit comme un soulagement financier, ou une occupation. Il est surtout synonyme de carotte qu'on agite sous le nez des prisonniers qu'on voudrait voir docile. Il est aussi synonyme d'enrichissement pour l'administration pénitentiaire qui sous traite ainsi une partie de ces activités, et puis pour quelques entreprise profitant du filon d'une main d'oeuvre bon marché et corvéable. Et si médiatiquement l'état en parle comme un outil d'insertion, les études sur le sujet sont très critique, et il suffit d'écouter ce que dit la maison d'arrêt de Strasbourg aux entrepreneurs alsacien sur son clip de promotion pour avoir le fin mot de l'histoire : «une main d'oeuvre payée au rendement, travaillant douze mois sur douze, pas d'absentéisme, pas de conflits sociaux...» et au ministère de conclure «pour être gagnant à l'arrivée, pensez à la prison dès le départ».
Pour autant, ce régime de «semi-liberté» la plupart des détenues et leurs familles l'attendent ou l'espèrent. Car sortir de cette merde c'est toujours mieux que d'y croupir : une perm', un taf ou un bracelet pour beaucoup c'est toujours préférable que ces conditions merdiques, avec la gueule des matons et les violences de l'administration pénitentiaire en bonus. Les travaux ont donc suivis leurs cours. Mais depuis quelques mois ceux qui profitent de tout ça ont commencé a le payer.
A Angers, le chantiers de la prison a été visité a trois reprises. Un appel à saboter adressé aux ouvriers a été tagué à l'intérieur, et des tags "la "semi liberté" n'existe pas !" tagué à l'extérieur. Des tags ont également été réalisés pour signaler la présence de caméra de vidéo surveillance, et annoncer "nous détruirons toutes les prisons !"; "feu aux prisons, BOUM ». L'entreprise Dionneau (couverture, "isolation") a été fermée à deux reprises avec l'aide de chaîne d'abord, puis un autre jour avec de la soudure a froid. Un tag indiquant « tu construis des taules, tu détruis des vies ». L'entreprise « vallée atlantique » (peinture, lino, « décoration »...) s'est faite refaire la façade en jaune dégueulasse, avec des tags « complice de l'Etat carcéral » et « tu vas payer la tune que t'as filée l'administration pénitentiaire ». Près du tribunal on trouve aussi un tag "pas de justice pas de paix".
A Ecouflant, l'entreprise SMAC (réalisation d'"étanchéité") et l'entreprise PARIVAL (qui fait notament dans les serrures de "hautes qualités") ont été prises pour cibles. des tags dénoncant leurs collaborations avec l'administration pénitentiaire ont été réalisé autour des entrepôts.
A Rennes, le cabinet d'architecte Adao qui a déjà travaillé avec l'administration pénitentiaire sur le centre pénitentiaire de Rennes, a cette fois ci déployé toutes ces compétences dans l'enfermement pour dessiner l'extension de la maison d'arrêt angevine. Les murs de ce cabinet ont été tagués "Adao construit des taules, Adao détruit des vies, Adao tu vas payer".
Ce n'est qu'un début.
Source: https://nantes.indymedia.org/article/19384