Ouest France, 6 janvier 2010
Jugé hier, un Nantais de 19 ans a été condamné pour avoir fait feu en direction de deux fonctionnaires, dans la nuit de samedi. Le syndicat Alliance déplore la brièveté de l’enquête.
Nuit noire, samedi, quartier Malakoff à Nantes. Deux policiers de la brigade anticriminalité patrouillent à pied. Une heure plus tôt, la voiture d’une ronde de police secours a été touchée par une pierre balancée d’une fenêtre de la barre d’immeuble.
Minuit. Deux coups de feu claquent et une balle ricoche. « J’ai entendu l’impact à deux mètres », explique l’un des fonctionnaires. Le faisceau d’un pointeur laser l’aveugle. Après s’être mis à l’abri derrière un pylône, il parvient à localiser l’appartement d’où vient la lumière rouge.
Son occupant sera interpellé le jour même. Un pistolet de calibre 6,35 au numéro de série limé, une matraque, un Taser (pistolet à impulsion électrique), une bombe lacrymogène, un caillou sont retrouvés chez lui. Il était jugé, hier, en comparution immédiate.
Les trois policiers victimes, des collègues et des représentants du syndicat Alliance ont découvert un tout jeune homme dans le box des prévenus. Effacé, voix presque inaudible, Richard Petiteau, 19 ans, ne sait pas expliquer son geste.
« J’avais pas l’intention de tuer »
« Vous aviez la haine contre les policiers, avez-vous reconnu », lui rappelle la présidente. « C’est la fureur, je voulais faire peur, j’avais pas l’intention de tuer. » Le déclencheur de sa colère ? Trois amendes récoltées au volant récemment.
Richard Petiteau est maçon, en CDI depuis trois ans. Il ne boit pas, ne se drogue pas. Son casier est seulement entaché de deux condamnations légères. Le comportement de ce garçon visiblement inhibé est « incompréhensible, admet son avocat. Est-ce qu’il y a un problème psychologique ? On ne sait pas. Tout ça aurait pu le mener aux assises. »
Pour autant, son client doit être jugé pour ce qu’il a fait : le caillassage, les tirs, des insultes aux policiers. En clair, plaide l’avocat, il ne doit pas payer pour les incendies de la Saint-Sylvestre.
Le ministère public le martèle : « On est passé pas loin de la tentative d’homicide. » Il salue au passage « le courage et le professionnalisme » des fonctionnaires.
Le jeune homme devait rejoindre un régiment de Colmar le 1er février. Impossible. Le tribunal l’a condamné à quatorze mois de prison. « Une sanction qui peut paraître importante, mais qui pose problème en terme d’impact sur la cité : quatorze mois ? C’est donc tout ce qu’on risque lorsqu’on tire sur un policier », déplore Thierry Spitz, d’Alliance.
Le syndicat estime que l’affaire aurait « mérité des investigations plus approfondies, dans le cadre d’une instruction. Ainsi, on aimerait savoir d’où vient cette arme. » Et le mystère persiste sur la personnalité du jeune homme et sur les raisons de son passage à l’acte.