Des gendarmes déployés sur les Champs-Élysées, à Paris, pour prévenir d'éventuels débordements. L'année dernière 1.147 voitures ont été incendiées. Crédits photo : Le Figaro
Le ministère de l'Intérieur mobilise 30.000 hommes pour sécuriser le réveillon et éviter les feux de voitures.
Réduction des effectifs oblige, le ministère de l'Intérieur disposera cette année d'un peu moins d'hommes pour occuper le terrain le soir de la Saint-Sylvestre. L'an dernier, la mobilisation de 35.000 policiers et gendarmes la nuit du 31 décembre au 1er janvier n'avait pas empêché une explosion de 30% du nombre des voitures incendiées, passant de 878 épaves en 2007 à 1.147 en 2008. Du jamais-vu depuis le début de cet inquiétant phénomène en 1997, à Strasbourg. On a même vu des voitures brûler dans des départements jusqu'alors totalement épargnés, à l'instar du Calvados, des Charentes, du Jura ou du Puy-de-Dôme, fief électoral de l'actuel ministre de l'Intérieur. De 35 départements touchés en 2005, leur nombre est passé à plus de 60 en 2008. Comme si la campagne se mettait à imiter les dérives des cités.
La Place Beauvau, cette fois, a peaufiné son dispositif de sécurité pour le réveillon durant des semaines. Il s'agit, tout d'abord, de rendre le passage à l'acte plus difficile. Outre l'interdiction des mortiers de feux d'artifice (lire ci-dessous), le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a pris un arrêté pour interdire la vente au détail de carburants du 30 décembre au 2 janvier inclus. La police veut compliquer la préparation de bombes incendiaires. «Mais les inconditionnels du feu de voiture auront certainement pris les devants en constituant des stocks», confie un commissaire de la Sécurité publique. L'un de ses collègues ajoute qu'un simple carré d'allume-barbecue enflammé sous un pneu suffit à embraser un véhicule en quelques minutes...
Des caméras à la rescousse
En cas de flagrant délit, les forces de l'ordre sont invitées à procéder à un maximum d'interpellations. Pour cela, CRS et gendarmes mobiles vont quadriller, par groupes de six, les zones urbaines, où les unités de renseignement auront détecté des comportements suspects. Ces dernières devront employer, autant que faire se peut, des caméras pour filmer les actes de dégradation et ramener ainsi des éléments de preuve utiles aux poursuites. Mais un officier de police d'une brigade anticriminalité avoue que «les images prises de nuit sont souvent floues et inexploitables. Elles éclairent surtout sur le contexte de l'arrestation».
Des fouilles systématiques seront également réalisées pour détecter les individus porteurs d'objets dangereux ou de liquides inflammables. Les parquets, quant à eux, ont reçu des instructions de la Chancellerie pour faciliter le traitement judiciaire de ces affaires. L'an dernier, le chef de l'État en personne, Nicolas Sarkozy, avait réclamé que les pyromanes soient empêchés par la justice de passer leur permis de conduire «aussi longtemps que la victime des faits ou le fonds de garantie n'a pas été indemnisé en totalité». Mais la mesure est restée un vœu pieu.
Au-delà du millier d'incendies de véhicules de la Saint-Sylvestre, environ 40.000 sinistres de ce type sont enregistrés tout au long de l'année, faisant de la France le recordman d'Europe de cette triste spécialité. Depuis le 1er octobre 2008, grâce à la proposition de loi Warsmann, toute personne victime d'un tel sinistre peut réclamer une indemnisation jusqu'à 4.000 euros à un fonds de garantie, à condition que ses ressources ne dépassent pas 2.000 euros par mois et que son véhicule ne soit pas assuré contre l'incendie. Il s'agit d'aider les personnes à faible revenu pour qui la perte d'un véhicule représente un préjudice non seulement financier mais aussi la disparition de leur principal outil de travail. De 300 demandes d'indemnisations en 2008, le nombre de dossiers instruits est passé à 1.600 en 2009.
Source lefigaro.