Ce jeudi matin, aux alentours de 11 heures, la tranquillité du supermarché Carrefour de Scharbeek a été perturbée quelques instants. Des dizaines de personnes ont décidé d’en sortir des sacs remplis de victuailles sans se soucier du passage par la case caisse. En partant, ils ont répandu derrière eux quelques pièces… en chocolat et le tract ci-dessous :
Crise ou pas crise, nous sommes de plus en plus nombreux à faire les courses avec de grandes poches ou de petits sacs. C’est un geste quotidien, on accepte de payer les pâtes, mais le chocolat, ça, ils peuvent se le mettre dans l’os. D’abord, parce qu’on a pas les ronds, ensuite, parce qu’on a pas envie de choisir entre une déception de luxe et une déception discount, et nourrir notre frustration plutôt que nos estomacs.
Mais aujourd’hui nous nous servons ouvertement, et en groupe, pour répandre la bonne nouvelle : les employés de Carrefour ont choisi comme première réponse la grève spontanée.
Car si parfois, au détour d’un rayon, l’employé et le voleur sont adversaires, l’un et l’autre sont abusés par Carrefour, que ce soit par un ticket de caisse ou par un contrat de travail. Et chacun ses façons de faire mal à M. Carrefour, en tapant directement au portefeuille.
Maintenant que les syndicats négocient, et reprennent le contrôle de la riposte, une question se pose.
Est-ce sa caisse ou son rayon que l’on défend, ou la possibilité de ne plus y passer des jours et des années à y gagner de quoi survivre ?
Que ce soit les intérimaires et les jobistes embauchés-virés, ou les contrats à vie, qu’y a-t-il à défendre pour ceux qui ne reçoivent que les miettes ?
Au mieux, une belle prime pour pouvoir vivre quelques mois les mains déliées de tout travail.
Alors n’attendons plus. Ouvrons grand les Carrefour, et ensuite, pourquoi pas les autres.
Que chacun se serve de ce dont il a besoin.
Il ne nous suffit plus d’infliger des pertes aux patrons ; nous avons tant à gagner.
En premier lieu, la liberté.
Centre de médias alternatifs de Bruxelles, 25 mars 2010.